28 septembre 2005 à 21:11

Pour les nouveaux

Je suis tombé aujourd'hui par hazard sur cette entrevue à Indicatif Présent, mon émission préférée sur la première chaîne. Pas très instructif pour les habitués, mais il est toutefois intéressant de constater que le phénomène du blog prend de l'ampleur.
Un billet signé Nicolas

27 septembre 2005 à 19:35

Nature

Les saisons reviennent, la pluie tombe, le temps poursuit son court, les jeunes gens apprennent à s'aimer, les oiseaux émigrent, le soleil se couche le soir, les enfants naissent et les vieillards meurent, le vent soufle, l'eau coule. Et mon estime se casse.

C'est la nature des choses.
Un billet signé Nicolas

23 septembre 2005 à 22:39

Portrait

La fille est assise à deux tables de distance, à la cafétéria. Elle est seule. Je me lève et je vais m'assoir en face d'elle.

J'ai le goût de provoquer des situations inattendues, aujourd'hui.

Elle affiche une expression entre l'interrogation, la surprise et la gêne. Qu'est-ce que je fais, devant elle, moi, un inconnu? À moins qu'elle ne se rapelle pas de moi et qu'elle devrait? Et qu'est-ce que je veux?

Je reste silencieux, en lui souriant. Après un instant, la gêne s'installe. Et l'instant d'après, le malaise. Puis elle parle, enfin.

- Salut.
- Salut.

Avant qu'elle n'ait le temps de décider laquelle de ses questions elle doit me poser en premier, je sors de ma poche une feuille de cartable pliée en quatre et un crayon.

- Je peux prendre ton portrait?

Deuxième malaise. J'adore. Elle ne peut que me répondre oui, par curiosité et par gêne. C'est sûr.

- Ok.

Je le savais. Alors je la regarde et je me mets à écrire.


"Tranquille beauté, assise à une modeste table. Elle a les yeux d'un enfant, grands, bleus, magnifiques. Le nez fin d'un reine, les lèvres d'une femme d'Espagne. Les cheveux courts, droits et fous, chaotiques mais précis; ils incarnent la modernité. Son sourire témoigne d'une affirmée féminité, et ses sourcils d'une forte personalité. Sa peau est d'une blancheur exemplaire; elle inspire le calme. Et la légère inclinaison de sa tête - par en avant, vers le regard - fait la preuve d'une volonté sans équivoque.
Elle est d'une splendeur sans époque ni conditions. D'un charme sans rôle ni accessoires, d'une grâce sans contreverses ni opposition. Tranquille beauté, et j'en ai le premier portrait."

Et j'arrête d'écrire. Visiblement curieuse, elle formule une question.

- Et alors, ce portrait?
- Le voici, lui dis-je en tendant ma feuille de cartable griffonée de mon écriture manuscrite.


En lisant le texte, elle tente de camoufler le sourire sur son joli visage. En vain...

Avant qu'elle n'ait le temps de commenter, je quitte la table. J'ai un cours.
Un billet signé Nicolas

22 septembre 2005 à 11:22

Sulfure

Sulfure : n. m. [...] Sel de l'acide sulfurique.

Salé et acide. Définition on ne peut plus parfaîte pour un carnet que je ne souhaite pas friable, mais durable. D'un surréalisme exemplaire et d'une profondeur touchante. Je crois qu'elle vaut le détour.

Amitié,
Nicolas.
Un billet signé Nicolas

19 septembre 2005 à 17:40

Apprendre le bonheur

Le bonheur ne s'achète pas. Il ne se gagne pas, il ne s'acquière pas. Il s’apprend.

Tranquillement, j’apprends à être heureux.

Je découvre, un peu plus à chaque jour, les gens autour de moi, les artistes de mon pays, les visions plus ou moins semblables de la vie de mes compères. J’écoute, je lis, je regarde, et au bout du compte j’en sors toujours un peu plus grand.

J’expérimente. Je saute sur les occasions qui s’offrent à moi, j’essaie tout ce qui passe entre mes doigts. Je me plante, trop souvent, mais j’essaie toujours. Je fais plus de plongeons que je tire de conclusions, je fais plus d’expérimentation que de constats. Les constats sont stables, fixes. Plates. Je préfère encore me planter.

Je m’exprime. J’écris quand je me plante, j’écris quand je ne me plante pas, j’écris même quand je ne fais rien. Je parle, j’offre mes opinions à qui veut bien les entendre, à qui veut bien m’écouter et découvrir ma vision propre.

Et finalement, le soir, quand j’ai découvert, quand j’ai expérimenté, quand je me suis exprimé, que j’ai sorti mon impression pour que d’autres découvrent et expérimentent, je me couche.

Je me dis que je n’ai pas avancé. Ou presque pas. Et je me dis qu’avec une goutte de sagesse de plus, demain, tout sera à refaire, tout sera à recommencer. Et je me dis que c’est pour le mieux.

Tranquillement, j’apprends à être heureux.
Un billet signé Nicolas

15 septembre 2005 à 23:39

Le soir

Je préfererais ne jamais me coucher. Tout est tellement plus simple, après quelques bières avec des amis, après avoir ri un peu plus qu'on a bu. Sulfure, le théoricien, et mon ami qui veut devenir bisexuel, ensemble pour un 5 à 7 étendu en 5 à 9 lui-même étendu. Juste du plaisir.

Tout est tellement plus simple, les sourires tellement plus faciles, le contact visuel tellement plus fréquent, la joie tellement plus constante. Si la vie était toujours comme ce soir, il n'y aurait pas de guerres, pas de problèmes dans le monde. Pourquoi les hommes sont-ils tous si fermés le jour?

Je ne veux pas me coucher.

Il fait noir, et s'il ferait toujours noir peut-être que ça serait facile, peut-être que ce carnet s'appellerait Clairs Mots.
Demain matin il fera clair, et je me rappellerai pourquoi il s'appelle Sombres Mots.

Je ne veux pas me coucher.
Un billet signé Nicolas

13 septembre 2005 à 22:18

Le fou

Il y avait à cette époque dans la campagne de St-Jean-sur-Richelieu, un gars qu’on finit par appeller le fou. Pas exactement original ni totalement disjoncté, le fou était un gars absoluement ordinaire.

Le fou avait la réputation d’être sociable et aimé. En amitié il était facile ; il était gentil avec tout le monde, et les gens qui étaient gentils envers lui devenaient ses amis. Sa vie était d’une simplicité remarquable, sa philosophie consistait à aimer et à ne pas déranger.

Quand il est arrivé au village, on l’a d’abord trouvé fort sympathique. Il n’incommodait personne et discutait avec qui voulait bien d’une conversation avec lui, et très vite il devint connu de tous.

On donna à l’aimable fou un emploi, et un logement qu’il payait toujours en avance. Il était irréprochable.

Après quelques mois, beaucoup furent étonnés qu’il ne se fût pas encore fiancé. Certains émirent même l’hypothèse qu’il était un de ces hommes qui aime les hommes. Le bruit se propageant comme il le fait au village, la rumeur atteint bien les oreilles du curé. Celui-ci le fit rester un moment après la messe, pour l’interroger.

- Mon enfant, commença-t-il, pourquoi ne fiancerais-tu pas la petite Marie-Claire, fille d’honorables cultivateurs, pour fonder famille ?
- Mon père, répondit-il, j’irai la voir, et si amour il y a entre nous deux, je la fiancerai.

Le fou courtisa la jeune Marie-Claire avec une remarquable subtilité. Il y alla à sa façon, en approchant lentement sa famille et son cercle d’amis, pour ne pas la déranger. Après près d’un an, il la connaissait assez pour être son ami le plus cher. Mais elle refusa de se fiancer, ne ressentant pas d’amour pour lui. Alors que notre fou, lui, était malade d’elle. Il pleura sa peine à tous les soirs, pendant presque trente jours, dans son logement, sans déranger.

L’aîné du village se questionna à son sujet, et compris très vite son problème. Il attendit la fête nationale pour lui parler.

Le fameux 23 juin, le fou rencontra l’aîné, qui prit la parole.

Mon petit, dit-il même, j’ai remarqué que tu ne buvais pas.
- Je préfère être sobre, le gens sous l’effet de l’alcool perdrent la raison et deviennent dérangeant.
- Et, tu me sembles sans ambitions : Tu ne manifeste pas d’intérêt pour un emploi important, tu te contente de la même vie qu’à ton arrivée.
- Et bien, Monsieur, je ne cherche pas à être le plus riche, l’argent n’est pour moi pas symbole de bonheur. Et l’ambition nuit généralement à autrui.
- Sages paroles. Tu dois puiser ta sagesse dans de nombreux livres.
- En fait, Monsieur, je n’aime pas lire. Je trouve l’activité ennuyante, et tirer sa connaissance de la littérature peut sembler hautain pour les autres.
- Alors, tu dois être un homme de voyage.
- Non, Monsieur. Je n’aime pas voyager, puisque je n’aime pas forcer les gens à m’accueillir. En fait, je n’aime pas forcer les gens à faire quoi que se soit.
- C’est bien ce que je croyais, petit. Tu ne fais rien, tu as peur de déranger. Tu n’as pas de cran. Tu ne trouveras donc jamais fiancée.

Et l’aîné s’en alla. Et les rumeurs voyageant à la vitesse qu’elles voyagent au village, bien vite tous apprirent le verdict de l’aîné. Mais même malgré les pressions, malgré son éternel célibat, il refusa de changer. Les gens le dirent fermé de ne rien vouloir essayer. Il proclama alors que c’étaient les gens qui étaient fermé de ne pas respecter ses choix.

C’est depuis qu’on le surnomme le fou.
Un billet signé Nicolas

Herbe à poux

Les allergies c'est comme les peines d'amour.
Les yeux te coulent, le nez te coule, tu te mouche toujours. T'as juste hâte que ça arrête, et en attendant, t'as le goût de mourir.
Un billet signé Nicolas

07 septembre 2005 à 22:19

J'ai vu une vie en une image

Dans mon cours d'anglais, une grande blonde. Yeux bleus scintillant, sourire parfait, cheveux aux épaules, visage doux et vêtements sexys mais toutefois classique. Ça paraît que je la regarde? Du moins, ça paraît dans mon écriture.

Elle parle, d'une voix extraordinairement féminine, intonations heureuses, débit lent - ou est-ce son image qui ralentit le cours du temps?

Je l'observe, un peu ébahit, un peu figé, devant son charme, sa beauté naturelle, son calme étonnant. Elle ne fait pas trop jeune, ni trop vieille. Elle ne fait pas trop bitch, ni trop classique. Sa personnalité apparente ne m'attire pas tant que ça, sans toutefois me laisser indifférent. Elle est juste belle. Et je l'observe.

Le temps est au ralenti, je n'entends plus le professeur, je ne pense plus à l'horloge et à la fin du cours, mon ventre ne fait plus de bruit. J'admire cette femme comme on admire un tableau.

Et puis, le tableau déplace ses yeux, la femme me regarde. Je fais comme toujours dans ces moments-là. Je ne fuis pas, j'affirme ma pensée par le geste. Je fixe mes yeux dans les siens.

Généralement, les femmes détournent le regard avant d'afficher un subtil sourire, sourire qui signifie qu’elles acceptent le compliment – elles n’ont pas le choix.

Mais, avant de détourner le regard, ses yeux bleus ont cessé de scintiller. Son sourire s’est effacé, son visage doux m’a semblé craintif. Elle tourna sa tête en même temps qu’une toute nouvelle attention vers le professeur.

Comme si elle avait eu un malaise. Comme si j’avais éveillé une vieille peur, ou un vieil évènement, en elle, et qu’instinctivement, pour l’oublier, elle s’était automatiquement concentrée fortement sur quelque chose d’autre.

Pauvre elle. Je lui ai rappelé un mauvais souvenir, probablement le genre de chose qui marque une vie. Le genre de chose qui casse l’estime de soi, qui lui parle constamment. Le genre de souvenir qui lui dit en permanence qu’elle est trop belle pour elle, qu’elle ne mérite pas tout ce charme, qu’elle devrait se cacher parce que c’est ce qu’elle mérite. Petite voix intérieure qui ment, mais qui ne se tait jamais. Pauvre elle.

Qu’est-ce que je lui ai fait? Qu’est-ce qu’on lui a fait?

Excuse-moi.
Un billet signé Nicolas

02 septembre 2005 à 13:13

Écrire moins

Cher lectorat,

Nous tenons à vous aviser que, suite à certains changements d'horaires, occasionnés, entre autre, par le retour en classe de notre personnel, le fréquence de nos publications sera inférieure à celle à laquelle vous vous étiez habitués. Nous vous remercions de votre compréhension.

Toute l'équipe de Sombres Mots.
Un billet signé Nicolas