27 avril 2006 à 22:58

Je crois que je n'existe pas; je ne suis qu'un symbole éphémère en passage dans vos vies

Vous m'oublierez, vous savez.

Je ne fais que passer. Je représente l'impuissance, l'effort probablement inutile mais maintenu par un espoir rationnel, et la fin de l'optimisme sans fondements.

Je suis l'avatar de l'essai-erreur humain mais aussi l'acceptation de l'inconnu comme un élément qui doit être pris en compte. Je suis la philosophie de bas niveau, celle qui travaille la façon de pensée et non la définition et le classement des concepts abstraits.

Je suis l'incompris et le distrait, l'Homme masculin et la peur. Je suis l'émerveillement de l'adulte, l'inclassable et après un moment le distant, malgré moi parce que j'aurai essayé d'être persistant. Bientôt vous m'oublierez. Je n'aurai été qu'un symbole éphémère en passage dans vos vies.
Un billet signé Nicolas

25 avril 2006 à 10:16

Les X

Depuis quelques années, les hommes des X (la génération perdue), produisent tout plein d'oeuvres artistiques sur la place de l'homme. L'homme dans la société, dans le couple, dans sa tête, un peu, au fond.

J'aime bien ce sujet de réflexion. Il n'est pas encore épuisé, selon moi. Et bien qu'on dise que c'est une crise passagère depuis la libération de la femme, que c'est générationnel, je crois que le problème s'étend un peu plus loin.

Les gars, on est où? Et là je ne chercher pas à situer l'homme par rapport à la femme dans la société, ou l'Homme, mais bien chaque homme. Individuellement, on se retrouve où?

Ma génération ne semble pas se poser ces questions. Peut-être parce qu'ils (nous) sont des fils de boomers, et que les boomers n'ont jamais été perdu et qu'ils suivent leur éducation.

Individuellement, j'ai l'impression d'être surchargé d'idées préconçues.
"Le bonheur, c'est d'aimer son travail."
"Il n'y a rien d'aussi épanouissant que l'amour."
"L'homme n'a plus besoin du format du couple traditionnel pour être heureux."
"L'homme québécois moderne sera un homme rouge. Comme un homme rose, mais fort. Le rouge, c'est la passion."

De mes amis, quand j'exprime mes peurs face au futur, mais hypothèses improbables mais plausible d'un Nicolas qui a 30 ans et qui est malheureux, on me dit pessimiste. Et c'est tout.
"Ça va bien aller."

Ça je ne suis plus capable de l'entendre. Pas plus que le découragement ou l'appitoiement d'ailleurs. Ce que je veux, c'est une vraie remise en question, pas un débat, une communication sans censure, libre, à la recherche d'une réponse.

On le sait maintenant, l'homme, collectivement, apportera à la société autant que la femme. Il étudiera, travaillera, fera des enfants.

L'homme, individuellement, en ce moment, n'étudie pas très loin, change souvent de profession, se plante relativement trop souvent en amour et n'y voit plus aucun sens.

Ce que j'aime bien des X, c'est qu'ils abordent le problème de face. Ma génération, elle, se barricade dans des illusions temporaire. Et ils le font tous. Et parfois, comme maintenant, j'ai l'impression que je n'ai pas ma place dans cette cohorte.
Un billet signé Nicolas

19 avril 2006 à 20:33

La suite ici

Je viens tout juste d'implémenter des liens pour Deux Fois Une Vie, ce carnet-roman en tandem ou j'incarne un personnage (l'autre est à Sulfure). Si vous ne le lisiez pas encore, maintenant c'est facile de s'y mettre. À droite il y a un lien vers le premier billet, et à la fin de chaque billet il y a un lien vers le suivant.

Si ça vous intéresse... bonne lecture!
Un billet signé Nicolas

Un pas de plus dans le thème des confidences

Gabrielle a souvent songé à disparaître. Quand elle n'en pouvait plus. Le secret, le silence, les souvenirs, parfois, c'est lourd.

Elle est pour moi un symbole presque autant qu'une amie. Parce que choisir de vivre, et oui c'est un choix, parfois c'est du courage.

Elle m'a montré cette société qui tourne mal. Elle m'a fait voir à quel point on est dans le champs. Elle m'a fait voir tous ces détails, tous ces faits, qui forment une évidence : L'Homme n'a pas encore appris à vivre avec l'Homme.

Et moi, ici, j'ai essayé de lui redonner espoir. Oui oui, moi, le narrateur de sombres mots, carnet de la dramatisation du ridicule. J'ai réussi, je crois, à lui arracher quelques sourires. Je souhaite qu'elle ne songera plus jamais à disparaître. Et pour le reste, dans ma petite tête, pour le moment, ça importe peu.
Un billet signé Nicolas

16 avril 2006 à 23:38

Disparaître

Doucement, lentement, m'effacer. Cesser d'exister. Arrêter un instant de supporter l'existence. Même pas le fardeau de sentir le soulagement. Juste, calmemant, disparaître.

Le 6 décembre 1989, il n'y avait pas quatorze victimes mais bien seize. Deux ont choisi le calme après le brutal retour à la réalité.

De 1000 à 1500 personnes par année prennent cette "décision" au Québec.

Comprendre ce sentiment, c'est comprendre qu'il y a définitivement quelque chose de malsain dans cette société. Quelque chose qui est sûrement évident, mais qu'on ne voit pas. Comme le pot de beurre dans la frigo, collé sur le visage mais loin du regard.
Un billet signé Nicolas

08 avril 2006 à 22:27

Coïncidence

J'ai croisé Gabrielle, sur Ontario en plus, tantôt. J'ai brisé le silence qui tenait depuis une semaine.

- Écoute euh.
- ...
- Allo.
- Salut.

On était tout les deux très gênés.

- J'aurais dû faire ça il y a une semaine, je sais. On va prendre un café?
- Ok.

Ok. On va prendre un café.
Un billet signé Nicolas

04 avril 2006 à 17:13

Confidence

Tel que lu hier au Vices et Versa.

Pas un mot. Pas un son.

Le temps d’un moment, comme ça, en silence. On marchait sur Ontario, ensemble, elle venait de finir un long monologue libérateur sur son enfance. Son enfance au moins détruite, presque anéantie.

Un monologue qu’elle avait fini; elle avait tout dit. Tout ce qu’elle avait sur le cœur, tout ce qu’elle gardait pour elle depuis des années. Toute sa rage, son impuissance, sa peine ses peurs, elle. Elle venait de s’ouvrir, elle avait tout dit. Et moi, je ne savais pas trop quoi dire. Elle venait de me confier les abus qu’avait fait son grand-père, sur elle, de six à dix ans. Je savais pas quoi dire. Elle n’aurait pas aimé la pitié, et encore moins m’entendre parler de moi, et de mes problèmes. Mes problèmes soudainement minuscules à côté des siens. Je savais pas quoi dire, ça m’embêtait.

J’ai fait mon homme, j’ai fermé ma gueule.

Mais elle avait pas l’air de feeler bien, elle était sur le bord des larmes, sur le bord de l’explosion. C’était un silence lourd, un silence où elle avait besoin de mes mots, de mon réconfort, de moi. Et je déteste les silences. Alors j’ai fait un effort surhumain, j’ai osé une parole.

- Ouain, je comprends.

C’est tout ce que j’ai trouvé à dire. Une réplique poche. « Ouain, je comprends ».

Elle s’est retournée vers moi, elle m’a regardé, un peu plus proche des larmes, d’un air qui voulait dire que je ne pouvais pas comprendre. Je savais encore moins quoi dire. Les mots ne me viennent pas tout seul. Là en ce moment j’ai un texte, j’ai pensé à comment j’allais vous raconter ça. Mais à ce moment là, en improvisation, j’étais désemparé, condamné au silence, ou au ridicule.

Du regard, elle me suppliait de dire quelque chose d’intelligent. Pour que je la sauve, pour qu’elle se sente un peu mieux, un peu moins seule. Mais j’étais juste pas à la hauteur. 18 ans, six pieds deux, mais j’étais encore trop petit. L’intention était là. Les mots, non.

J’ai pensé à mes cours de psycho, mais j’étais juste incapable de me rappeler ce que je devais faire. Le silence s’est maintenu pendant que je pensais, l’inconfort qui vient avec s’est agrandi aussi. Mon inconfort illégitime de gars pas à la hauteur, son inconfort plus que légitime de fille qui avait l’impression de s’être confiée à la mauvaise personne.

Le silence, câlisse, le silence…

Elle est partie, sans même me dire, au revoir en bifurquant dans une ruelle. Elle versait ses premières larmes. Elle ne voulait pas pleurer devant moi, elle avait compris que j’étais pas à la hauteur, que je suis pas le gars compréhensif et aidant que j’ai toujours voulu être, que j’étais pas à mon image, autant pour moi que pour elle. Elle est partie en me laissant une impression de désespoir, je me suis senti mal, terriblement mal.

J’ai continué de marcher sur Ontario. Il y avait encore une file d’auto qui faisait tout plein de bruit mais j’entendais encore le silence. Et j’ai pensé, j’ai pensé. Pis je me suis dit que tout ce que j’aurais dû lui dire, c’est comment elle je me sentais, simplement.

J’aurais dû lui dire à quel point son récit m’a touché, que j’avais moi aussi la larme à l’œil. Qu’elle ne méritait pas ça, que je l’appréciais pour la confiance qu’elle m’accordait. Que je la trouvais forte, exceptionnellement forte, de se confier à moi comme ça, que je voulais vraiment l’aider, qu’elle pouvait pleurer. Que l’important c’état elle. Pis que si il y avait de quoi, ben, que j’étais là pour elle.

Mais non, ça a été un silence. Je suis revenu chez moi, avec personne pour conter ça, avec juste ma petite tête remplie qui débordait d’émotions de toutes sortes, avec moi aussi, qui avais soudainement, le besoin de parler.

Alors je vous conte ça parce qu’il fallait que j’en parle, parce que je pouvais pas garder cette histoire là pour moi seul, un gars pas à la hauteur, un gars trop petit malgré 18 ans et six pieds deux. Parce que je pouvais pas garder cette histoire-là en secret, sous silence, sans un mot ni un son.
Un billet signé Nicolas

02 avril 2006 à 23:18

Lion D'Or

Je pensais à ça tantôt dans l'auto, en revenant du Lion D'Or... j'suis pas fort fort avec les mots quand j'ai pas un texte.

J'aurais aimé ça avoir un peu plus de temps ou d'opportunités pour te parler un peu plus en profondeur. On aurait pu jaser de tes textes et si tu voulais des miens, ou de la vie, ou d'autres choses. Il y a plein d'autres choses intéressantes. J'aurais aimé faire tomber le mythe qui dit que les relations sur le net deviennent vides en personne. J'ai eu la drôle d'impression qu'avec quelques minutes de plus ça aurait pu devenir plus profond. Ou c'est peut-être moi qui me fait des idées.

Si j'avais eu un instant de plus pour y penser, en quittant je t'aurais dit que je trouvais ça platte de partir tout de suite et que j'aurais aimé ça parler un peu plus longtemps avec toi, et que si tu le voulais on pouvait se reprendre. Et toi-même tu me l'aurais prescrit, comme tu l'as déjà fait. Des fois c'est bien d'être direct.

Ouain c'est ça. J'avais cette impression-là d'être passé à deux doigts d'une bonne discussion. J'suis pas fort avec les mots quand j'ai pas un texte.
Un billet signé Nicolas

Fin de vécu

Juste une suite à ceci.

On avait fini de travailer ensemble. J'ai pas d'auto, elle si. Elle est venue me voir.

- Tu veux que je te ramène?

J'ai décidé d'aller au fond de sa pensée.

- Ça te fait un détour, non?
- Ah c'est pas grave, mon copain n'habite pas très loin de chez toi.

La flèche au coeur. C'est drôle à quel point je n'étais sûr de pratiquement rien à propos de mes sentiments à son égard et à quel point ça a fait mal quand elle m'a dit ça. J'ai été incapable de penser, j'ai pris la première réplique qui m'est venue en tête.

- Non c'est beau, il y a déjà quelqu'un qui doit me ramène.
- Ok.
- À demain.
- À demain.

Elle m'a sourti. Et elle est partie.

Ouain... je suis encore commis d'épicerie.
Un billet signé Nicolas