07 septembre 2005 à 22:19

J'ai vu une vie en une image

Dans mon cours d'anglais, une grande blonde. Yeux bleus scintillant, sourire parfait, cheveux aux épaules, visage doux et vêtements sexys mais toutefois classique. Ça paraît que je la regarde? Du moins, ça paraît dans mon écriture.

Elle parle, d'une voix extraordinairement féminine, intonations heureuses, débit lent - ou est-ce son image qui ralentit le cours du temps?

Je l'observe, un peu ébahit, un peu figé, devant son charme, sa beauté naturelle, son calme étonnant. Elle ne fait pas trop jeune, ni trop vieille. Elle ne fait pas trop bitch, ni trop classique. Sa personnalité apparente ne m'attire pas tant que ça, sans toutefois me laisser indifférent. Elle est juste belle. Et je l'observe.

Le temps est au ralenti, je n'entends plus le professeur, je ne pense plus à l'horloge et à la fin du cours, mon ventre ne fait plus de bruit. J'admire cette femme comme on admire un tableau.

Et puis, le tableau déplace ses yeux, la femme me regarde. Je fais comme toujours dans ces moments-là. Je ne fuis pas, j'affirme ma pensée par le geste. Je fixe mes yeux dans les siens.

Généralement, les femmes détournent le regard avant d'afficher un subtil sourire, sourire qui signifie qu’elles acceptent le compliment – elles n’ont pas le choix.

Mais, avant de détourner le regard, ses yeux bleus ont cessé de scintiller. Son sourire s’est effacé, son visage doux m’a semblé craintif. Elle tourna sa tête en même temps qu’une toute nouvelle attention vers le professeur.

Comme si elle avait eu un malaise. Comme si j’avais éveillé une vieille peur, ou un vieil évènement, en elle, et qu’instinctivement, pour l’oublier, elle s’était automatiquement concentrée fortement sur quelque chose d’autre.

Pauvre elle. Je lui ai rappelé un mauvais souvenir, probablement le genre de chose qui marque une vie. Le genre de chose qui casse l’estime de soi, qui lui parle constamment. Le genre de souvenir qui lui dit en permanence qu’elle est trop belle pour elle, qu’elle ne mérite pas tout ce charme, qu’elle devrait se cacher parce que c’est ce qu’elle mérite. Petite voix intérieure qui ment, mais qui ne se tait jamais. Pauvre elle.

Qu’est-ce que je lui ai fait? Qu’est-ce qu’on lui a fait?

Excuse-moi.
Un billet signé Nicolas

1 manifestation(s):

Un commentaire de Anonymous Anonyme...

On a tous nos combats à livrer, le sien commence dans la pupille de l'autre.

3:28 p.m., septembre 09, 2005  

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