16 mars 2006 à 14:37

Date aveugle

L'histoire est rendu sur le net. Faut que je m'explique.

C'était en janvier, au Baldwin. Après mon texte Chute au Vices et Versa, je sais pas trop comment mais une fille que j'ai jamais vu de ma vie - et elle non plus - est tombée sur mon blog. Et elle a décidé qu'elle allait me rencontrer.

Isabelle. Par courriel elle avait l'air charmante, sur sa photo très belle. Petite mais jolie. Elle m'a invité au baldwin.

Blind date. Je sais pas quoi faire, moi, dans un blind date. J'ai jamais fait ça. Mais j'ai dit oui. Parce qu'avec une fille aussi belle en photo, une offre aussi facile à accepter, je ne pouvais pas dire non. Même si j'avais peur.

Donc, je me suis retrouvé au Baldwin, je savais pas de quoi ça avait l'air. Je suis arrivé là en jeans avec une chemise ordinaire, dans une place ou personne avait l'air ordinaire. En partant, c'était nettement trop chic pour moi.

C'est pas mon monde ça. Mon monde c'est mon chez moi, ma télé, mes livres. Ce n'était pas ce bar trop beau, ni ce climat trop oppressant, ni le gars à côté de moi qui me regardait jouer nerveusement avec mon paquet d'alumettes.

Je ne fûme même pas. C'est elle qui voulait que j'aie un carton d'alumette. Pour qu'elle me reconnaisse.

Elle est arrivée en retard. Finalement elle était pas si petite que ça. Moyenne. Une brunette aux yeux bleus. Quand même très jolie. Très bien habillée.

Trop jolie, trop bien habillée, dans un bar trop branché, trop pour moi, trop pour ce que je peux supporter sans que mon rythme cardiaque passe en cinquième vitesse, trop pour que je puisse juste m'en foutre et profiter du moment.

- Nicolas?

J'ai essayé de dire oui, mais ça a pas sorti. Dans ces moments là, ma voix disparait, c'est dommage, c'est là que j'en ai le plus besoin. J'ai fait oui de la tête.

Et puis il y a eut un silence. Je déteste les silences.

Le silence s'est installé, et de toute évidence. Isabelle ne savait pas quoi dire pour le briser. J'aurais aimé lui dire qu'elle était belle, resplendissante. J'aurais aimé lui demander pourquoi elle voulait me rencontrer, ce qu'elle aime ou pas, qu'elle me parle d'elle, me disait qui elle est. Mais je n'avais plus de voix - et plus de courage.

Je me suis forcé pour une conversation, un peu.

- C’est cool ici. Un peu fait sur le long, mais c’est cool.
- Oui, c’est la place hot de ce temps-ci.

Elle avait l'air totalement désintéressée, alors j'ai arrêté la conversation là. Silence.

J'étais intimidé. Elle avait vraiment l'air déçue, le type à côté de moi avait l'air de nous observer, j'ai senti soudainement que j'avais l'air looser, j'ai senti toute la pression, toute la pression du L trop lourd qui était étampé sur mon front.

Pour briser un morceau de silence, je me suis commandé une bière. Elle s'est commandé un martini. Après un moment, l'inconfort du silence est devenu plus fort que ma peur de parler, j'ai osé une phrase. J'aurais dû la complimenter sur son apparence. J'aurais dû dire n'importe quoi, sauf ça.

- Tu ressembles pas à tes photos.
- Tu trouves ?
- Oui. T’es plus grande en personne.
- Es-tu déçu ?
- Non non, t’es mieux en personne.
- Toi ? Pas trop déçue ?

La serveuse est arrivée. Isabelle n'a pas eut à répondre.

Câlisse que je suis con. Répliques poches. Ce n'est pas moi, ça. À l'écrit, je suis une machine à réflexions, à idées. À l'oral, devant une fille trop belle, trop bien habillée, dans un bar trop branché, je ne suis rien.

Silence, encore.

C'est pour ça que je déteste les silences, je suis incapable de les briser. Ça a duré longtemps. Trop longtemps. J'aime pas ça les blind dates. J'ai essayé, et j'aime pas ça.

- Écoute Nicolas, j’m’excuse, j’ai… euh… j’ai…
- Ouais, moi aussi, j’ai… Faut que…

Je suis parti. Elle trop belle, le bar trop oppressant, comme si tout le monde m'observait, comme si mon histoire pathétique était devenue publique, comme si ça allait se ramasser dans le journal de Montréal...

Je suis retourné à mon chez moi, devant ma télé, devant mes livres. J'aime pas ça, les blind dates. Histoire poche, je sais. Mais maintenant que c'est rendu publique, je voulais au moins vous laisser mon point de vue, mon récit à moi de cette histoire.
Un billet signé Nicolas

3 manifestation(s):

Un commentaire de Blogger GuadZilla...

;-) Malin profiteur.

6:31 p.m., mars 16, 2006  
Un commentaire de Blogger Pachemina Dinda...

Nic, t'es devenu une star, ton nom est dans le journal de Mourial. J'ai eu un choc en voyant aujourd'hui que Matt Simard écrivait une chronique dedans. Pis après j,ai eu un flash-back de toi qui parlait de cette chronique là. Peut-être que je bois trop d'alcool.

6:49 p.m., mars 17, 2006  
Un commentaire de Anonymous Anonyme...

Cooooool.

6:17 a.m., mars 20, 2006  

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