17 octobre 2005 à 18:15

La grosse et l'intello

Il y avait à cet époque, dans le village de St-Jean-sur-Richelieu, une grosse et un intellectuel. On les disait ami. Mais commençons par le début.

L'intellectuel avait des contacts dans l'élite. Docteurs, cinéastes, notaires, journalistes, et même hommes d'état. On le connaissait jusque dans la grande ville de Montréal, où ses amis les plus importants résidaient.

Les femmes, comme le vin et les discussions, il les aimait recherchées, prononcées et en abondance.

La grosse, elle, était fonctionnaire à la ville de St-Jean. Elle était reconnue tout d'abord pour sa répugnance singulière - et on était unanime à ce sujet - et ensuite pour son sale caractère. Son apparence lui empêchait de progresser dans la hiérarchie comme les femmes de l'époque le faisaient, ainsi donc, elle obtenait ce qu'elle voulait de par sa voix rauque et vulgaire.

Elle arivait à tout, sauf, naturellement, en amitiés et, bien sûr, en amour.

En gueulant à gauche et à droite à la mairie de St-Jean, la large fille réussit à se faire introduire, par un haut fonctionnaire de la ville, dans le cercle d'élites de l'intellectuel.

Lorsque celui-ci vit l'énorme femme pour la première fois, il demanda comment elle, si grosse et répugnante qu'elle fût, s'était hissé jusque dans son petit monde jusqu'alors clos. Mais pour éviter d'offusquer son ami le haut fonctionnaire de la ville de St-Jean-sur-Richelieu, il décida d'accepter la grosse dans le groupe, sans toutefois lui souhaiter la bienvenue.

La grosse croyait enfin s'être fait des amis. Elle tenta de faire sa place parmi l'élite, en vain. En effet, il est dûr de se faire une place avec un tel tour de taille.

Bien vite, elle empoisonna l'ambiance du groupe par son gueulage excessif de propos minimaux. Finis les les discussions musclées! Finis débats enflammés de pensées intelligentes! Elle ruinait tout par ses insultes et jugements envers ses nouveaux amis.

La grosse croyait avoir fait sa place, mais de jours en jours les sentiments que l'élite avait à son égard empirait.

Rapidement, l'intellectuel compris le sentiment qu'avaient ses amis face à la nouvelle. Discutant par ici et par là, il réussit à convaincre ses élitistes amis à contribuer à ce qu'il appellait le "grand plan", que voici.

Tout d'abord, l'intello força la grosse à prendre position dans un débat émotif, avec de subtils et agressants sophisme. Ensuite, il divisa le groupe en deux parties. De l'un, il y avait la grosse avec ses alliés, qui jouaient plus la comédie qu'il prenait vraiment position. De l'autre, l'intellectuel, avec ses propres alliés.

Le débat, choisi explicitement pour frapper l'émotivité de la grosse, n'en était pas vraiment un. La moralité de la question était trop évidente. La grosse défendait le bien, alors que l'intello défendait le mal. Tout était naturellement minutieusement orchestré.

Quand la grosse eu assez à coeur la chose pour croire qu'elle vivait la question existentielle la plus importante de sa vie, coup de théatre! Renversement foudroyant! Tous les supposés alliés de la grosse changèrent d'idée pour rejoindre l'intello. Sauf le fou. Il avait eu pitié d'elle.

Le fou avoua à la grosse que c'était un coup monté. La révélation eu l'effet d'une bombe. La monstrueuse fonctionnaire comprit instanément toute la haine que ses présumés amis entretenaient à son égard. Elle s'enfuit dans une campagne encore plus profonde, près de Matane si on en croit les rumeurs, et plus jamais on entendit parler d'elle dans la région de Montréal.

Aujourd'hui, la grosse est rendue vieille et triste. Quand elle constate l'échec monumental que fût sa vie, elle attribue tout à l'intello.

Celui-ci, de son côté, ne peut s'empêcher de regarder ce qu'il a fait avec une certaine honte. Pourtant, quand ses souvenirs replongent à l'époque de la grosse, il y voit le plaisir. Le plaisir, profond, d'une jeunesse où tout était permis.
Un billet signé Nicolas

4 manifestation(s):

Un commentaire de Blogger GuadZilla...

Le plus petit des Aïe.

9:36 a.m., octobre 19, 2005  
Un commentaire de Anonymous Anonyme...

Attend , cest horrible cette histoire,, mais pourtant d'une réalité possible,,, je pense que si toutes les grosses lisent ca , elle ont plus qu"a se pendre, tu ne trouves pas ,? , enfin,,,,c'était juste un petit interméde
véro

2:25 p.m., février 11, 2007  
Un commentaire de Blogger Nicolas...

Mais bien sûr que c'est horrible, et si quelqu'un se sent mal après ce texte, il a deux choix : continuer d'en souffrir, ou bien faire preuve de volonté en essayant de changer ce qu'il n'aime pas du monde.

2:42 p.m., février 11, 2007  
Un commentaire de Blogger Nicolas...

Ah oui, et Vero, tu laisses un lien qui ne fonctionne pas, et bien que j'aimerais bien savoir où tu te trouves sur le net ou encore qui tu es, je ne peux pas.

2:44 p.m., février 11, 2007  

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